J’ai récemment appris que J.K. Rowling serait réhabilitée pour la prochaine série en production par Warner Bros, dédiée à l’univers d’Harry Potter. Et je m’étonne encore que ce ne soit pas systématiquement le cas.
Peut-être y en a-t-il parmi vous qui ne partagent pas ce point de vue, mais pour ma part, je trouve qu'il devrait être essentiel, voire même systématique, de consulter l’auteur d’une œuvre lorsqu'on en adapte le contenu en film ou en série. L’implication de l’auteur, voire sa direction, est cruciale pour une adaptation fidèle et réussie.
Je me souviens de cette anecdote bien connue, où J.K. Rowling aurait révélé à l’acteur Alan Rickman (interprète de Severus Rogue) des éléments cruciaux sur le personnage, lui permettant de jouer son rôle en tenant compte de la véritable identité et du parcours de son personnage. Cela a ajouté une profondeur émotionnelle à l’adaptation cinématographique, qui a, à mon sens, échappé au réalisateur. Si cette consultation de l’auteur n’avait pas eu lieu, le résultat n’aurait sans doute pas été aussi percutant.
À l’inverse, ne pas dévoiler les véritables intentions d’un personnage peut conduire à un échec. Je tiens à cet égard une autre anecdote, partagée par Alexander Vlahos, l’acteur qui a incarné Mordred dans la série Merlin de la BBC. Il a commencé les tournages par la fin de l’histoire, sans que le parcours de son personnage ne soit clairement expliqué. Résultat : il a essuyé des critiques négatives sur son rôle. Mordred, loin d’être un simple "méchant", avait une complexité qui n’a pas été pleinement saisie à cause de ce manque de guidance.
Il est vrai que dans le cas de Merlin, consulter l’auteur aurait été compliqué, mais des conseillers spécialisés existent ! Cependant, l’équipe de production a préféré prendre des libertés créatives et a fini par proposer un résultat que je qualifierais de bâclé et bancal.
Et parlons de Game of Thrones ! Bien que les showrunners aient eu l’accord de J.R.R. Martin, la situation n’était pas idéale. L’histoire n’était pas encore terminée, et les producteurs, pressés de finir pour toucher leur prochain chèque, ont précipité les événements. Le résultat ? Un mécontentement généralisé parmi les fans.
L’adaptation cinématographique de The Lord of the Rings par Peter Jackson a été un immense succès, mais elle a également suscité des débats concernant la fidélité à l’œuvre de J.R.R. Tolkien. Bien que Tolkien soit décédé avant la réalisation des films, l’adaptation a été réalisée en étroite consultation avec les experts de son univers, notamment son fils Christopher Tolkien. Ce niveau de respect pour l’œuvre originale a permis de conserver l’esprit des livres, même si certains éléments ont dû être modifiés pour la transposition à l’écran.
Percy Jackson a connu une adaptation cinématographique assez controversée. Le créateur de la saga, Rick Riordan, a exprimé publiquement son mécontentement concernant la manière dont ses livres ont été adaptés, notamment la prise de libertés excessives avec les personnages et l’histoire. À l’époque, Riordan n’a pas été impliqué dans la réalisation des films, et cela se ressent dans le manque de fidélité à son œuvre, ce qui a entraîné une réception mitigée du public et des critiques.
Stephen King est connu pour avoir un certain contrôle sur les adaptations de ses livres, ce qui a contribué au succès de certaines d'entre elles, comme Shining (1980) de Stanley Kubrick. Cependant, l’écrivain a souvent exprimé son désaccord avec la version cinématographique du film, préférant une version plus fidèle. D’autres adaptations, comme Ca (2017), ont été réalisées avec une plus grande consultation de l’auteur, ce qui a permis de mieux respecter l’essence de son œuvre tout en apportant des ajustements pour le cinéma.
Watchmen est un exemple d’adaptation où l’auteur, Alan Moore, a clairement exprimé son désaveu de l’adaptation cinématographique de son œuvre. Moore a refusé d’être impliqué dans le processus, ce qui a mené à une version qui, bien que visuellement fidèle, manquait de la profondeur philosophique du comics. L’implication de l’auteur, ou à tout le moins de son esprit créatif, aurait peut-être permis d’éviter certaines simplifications de l’œuvre pour le grand public.
L’adaptation de Dune a toujours été un défi en raison de la complexité de l’univers créé par Frank Herbert. Après plusieurs tentatives (notamment celle de David Lynch), la version de Denis Villeneuve en 2021 a été saluée pour sa fidélité à l’univers de l’auteur. Bien que Herbert soit décédé, l’approche de Villeneuve consistant à respecter la vision de l’œuvre tout en apportant sa propre sensibilité cinématographique a permis de proposer une adaptation plus riche et nuancée que les versions précédentes.
L’adaptation de The Witcher en série par Netflix a suscité des débats parmi les fans et les critiques. Andrzej Sapkowski, l’auteur de la saga, n’a pas été directement impliqué dans la production, et cela a mené à des critiques concernant certaines libertés prises par les scénaristes et producteurs. Cependant, l’univers de The Witcher étant vaste et complexe, il est compréhensible qu’une certaine latitude soit prise pour la narration, tout en maintenant un respect global pour l’essence des personnages et des intrigues.
Les multiples adaptations d’Alice au pays des merveilles montrent à quel point l’approche créative peut être diverse, parfois éloignée de l’esprit de l’auteur Lewis Carroll. Si certaines adaptations restent fidèles à l’univers de Carroll, d’autres, comme celle de Tim Burton (2010), prennent des libertés considérables avec le texte. Un équilibre entre fidélité et réinvention est parfois difficile à trouver.
L’adaptation cinématographique de Les Misérables par Tom Hooper (2012) est un bon exemple d’une œuvre complexe qui a dû jongler entre fidélité à l’original et les contraintes du cinéma. Bien que Victor Hugo soit décédé depuis longtemps, l’influence de son travail est restée omniprésente. L’approche respectueuse de l’œuvre, en particulier avec la scène musicale, montre qu'une consultation de l’auteur, même indirecte, est essentielle pour donner de la profondeur à une adaptation de cette envergure.
En bref, je suis convaincue qu'il serait non seulement normal, mais indispensable de consulter l’auteur ou un expert spécialisé lorsqu’on adapte une œuvre. Il ne s’agit pas de tout lui attribuer, mais d’avoir un véritable échange pour respecter l’essence de l’œuvre et éviter des erreurs d’interprétation.