Élémentaire Miss Hudson

Romance sherlockholmesque

Romance sherlockholmesque.
Entre enquêtes, mystères et romance.

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Habitant au 221B Baker Street, Élisabeth Hudson est chargée des visites de l’appartement du dessus.

Se présenteront alors de drôles d’oiseaux, chaudement recommandés par sa tante Molly. Deux étudiants répondant aux noms de Thomas Holmes et James Watson chargés d’enquêter non officiellement sur certaines affaires insolites.

A peine feront-ils connaissance que la jeune fille se trouvera rapidement au cœur d’une machination visant à se venger des deux hommes tout en la plongeant dans son pire cauchemar.

EXTRAIT
Chapitre 2

Narration de Elisabeth Hudson

Sur le coup, j’en étais presque choquée. Il avait à peine franchi la porte, se tenait au milieu du salon et dénigrait tout l’appartement d’une seule affirmation. Il y avait à redire, oui, mais il n’en avait rien vu encore. Comment pouvait-il juger si rapidement ?

James s’en approcha, retrouvant sa nervosité de tout à l’heure et tenta de le raisonner, lui parlant à mi-voix. Ce que son ami se garda bien de faire.

— Pourrais-tu reconsidérer la question Thomas ? Cet appartement rentre dans notre budget et je te rappelle que nous n’aurons plus de logement d’ici la fin de la semaine. C’est un peu vieillot, mais bien entretenu malgré tout.

— Vieillot ? reprit-il amusé. Quel euphémisme ! Les fenêtres sont faites de simples vitrages et les châssis sont encore en bois. J’imagine que lorsque le temps est très humide, il est difficile, voire impossible de les ouvrir. D’où le risque de condensation et d’humidité. Il y en a d’ailleurs dans l’entrée déjà. De plus, lorsque l’on observe la façade, l’on aperçoit des câblages mal fixés et gainés d’une façon qui ne se fait plus depuis… au bas mot une vingtaine d’années. L’immeuble est vraisemblablement une construction datant des années soixante et n’aura pas vraiment évolué depuis. Ou si peu. Il n’y a qu’à voir la décoration typiquement vintage. Et je remarque que la plomberie n’est pas plus engageante, termina-t-il en se donnant la peine de se pencher vers la cuisine. Et puis, il est trop petit, je voudrais un bureau. J’ai besoin d’un bureau, insista-t-il.

Watson me regarda d’un air navré. Quant à moi, je demeurai perplexe. Depuis quand s’affairait-il à observer le bâtiment pour sortir autant de détails d’un seul coup ? Pourtant, vu son essoufflement en arrivant, il devait sans doute s’être dépêché, voire même s’être mis à courir pour venir jusqu’ici, car ce n’était pas les quelques marches menant à l’étage qui aurait pu le mettre dans cet état. Il était trop svelte pour cela. Enfin, c’était peu probable.

— Bien, allons-y, fit-il tout en faisant mine de s’en aller sans rien de plus, emmenant son ami avec lui.

James s’excusa pour le dérangement avant de le précéder dans les escaliers.

Ma tante ne m’en aurait pas tenu rigueur si je ne leur louais pas les lieux, il y avait bien assez de demandes sur le marché, mais son attitude m’avait subitement agacée. À peine un mot d’excuse, aucune salutation. Je n’étais pas de la vieille école, mais l’éducation que j’avais reçue hurlait intérieurement au scandale.

— Heu… pardonnez-moi, fis-je tout en tentant de garder mon calme. Mais vous n’avez même pas visité ! Ni même vous être présenté cela dit en passant ! Vous pourriez peut-être donner sa chance à cet appartement. Et puis votre ami semblait intéressé, lui. Vous ne préférez pas en parler avant ?

Il se tourna alors vers moi, comme me signifiant qu’il m’octroyait un peu de son attention. Les mains agrippées aux extrémités de son écharpe tout en se penchant légèrement. Sa façon de demeurer le dos parfaitement droit tel un garde de Buckingham palace entretenait cette impression qu’il devait être doté d’un ego sans égal.

— Est-ce que l’un des points que je viens d’énumérer est inexact ?

— Non. En fait non, mais…

— Très bien, alors vous comprendrez ma décision. Bonne journée.

Il tourna une nouvelle fois les talons. Ce qu’il pouvait avoir l’air arrogant ! Et je n’avais pas perdu une heure à l’attendre pour un tel comportement. Je le rappelai.

— Vétuste ? Vintage ? Très bien. Mais vous trouverez difficilement plus intéressant au niveau du prix. Surtout si vous êtes étudiants et en passe de devoir rechercher un logement avant la rentrée.

— Elle n’a pas tort, affirma James, comme si je ne faisais que confirmer ce qu’il pensait lui-même.

— Sachez que nous ne sommes pas sans logement. Du moins, nous avons encore une marge devant nous pour trouver mieux, mais merci de votre sollicitude Mademoiselle… ? renchérit-il tout en remontant les quelques marches.

— Hudson. Élisabeth Hudson, me présentai-je donc.

— Élisabeth…, répéta-t-il, laissant mon prénom en suspens un instant avant de reprendre. Hudson. Ah… votre mère sans doute ? Non, ne me dites rien ! Votre tante. Vraisemblablement Madame Hudson qui nous a proposé cet appartement n’a pas d’enfant. Ni été mariée. Tout simplement, elle ne porte ni alliance ni de trace à son doigt. Par contre, j’ai remarqué les deux fillettes accompagnées d’un couple d’adultes et dont le père possédait les mêmes traits dans un cadre sur pied à côté du téléphone. Vous et votre sœur ainsi que vos parents. Vous êtes étudiante vous aussi ? Puisque vous semblez si au courant des difficultés à se loger. Et…

Il se pencha très légèrement, me scrutant de haut en bas. Il me mit mal à l’aise.

— En littérature. Malgré l’emploi de traitement de texte ou d’un téléphone, beaucoup préfèrent encore utiliser un carnet pour y prendre des notes et comme en général, ces étudiants adorent écrire eux-mêmes… Et apparemment vu, l’excroissance à votre majeur, vous êtes non seulement droitière, mais vous écrivez beaucoup. Je me trompe ?

Il me laissa sans voix pour le coup. Tout était vrai. Machinalement, je jetai un rapide coup d’œil sur mes mains, les dissimulant ensuite dans le dos.

— Vous analysez toujours les choses comme ça ? Froidement ?

Il ne me répondit que d’un sourire en coin, semblant ravi de sa petite représentation. Arrogant, prétentieux et fier de l’être ! Mais aussi très intelligent pour avoir déduit tout cela si vite.

— Et je parie qu’un merveilleux roman doit vous attendre chez vous actuellement, d’où votre empressement à vouloir que je me décide afin d’en reprendre la lecture. Bien que vous auriez pu préférer me laisser tourner les talons, mais j’imagine que mon attitude doit vous agacer, il n’y a qu’à vous voir, vous avez changé de couleur. J’ai l’habitude. Qui plus est, vous ne voudriez pas décevoir votre tante qui, en remerciement de notre aide, pensait faire une bonne action en nous proposant ce logement. Elle vous a sans doute aidé vous aussi à trouver votre petit nid à moindres frais. Vous avez l’âme d’une passionnée, quelque chose de romantique également. Vous vous agacez vite et pourtant il se dégage de vous, une certaine douceur dans votre voix malgré tout. Et une façon de parler trop soutenue pour ne pas être influencée par vos lectures je dirais. Je parie que vous êtes inscrite en littérature anglaise. Quel est votre auteur préféré ? Une femme assurément. L’une des sœurs Brontë ? Jane Austen ?

— Heu oui et bien d’autres. Mais sachez pour information que vous n’avez pas raison sur toute la ligne. Non, je n’ai aucun livre en cours qui m’attend chez moi et mon… langage n’a rien à voir avec mes lectures.

Je souhaitais juste lui faire ravaler sa prétention, trouver les failles de son raisonnement, mais à moins de jouer sur les mots, il était bel et bien tombé juste. À un détail près, le roman qui m’attendait était celui que je tentais d’écrire moi-même. Il fronça des sourcils un instant, le regard fixé au niveau de la chaînette pendue à mon cou et finalement prit congé pour de bon.